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Daniel Gripois qui anime les Promenades dans Paris de l’Age d’Or de France nous livre une anecdote sur l’écrivain Paul Scarron, et comment il tourna sa maladie en dérision.
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A l’angle de la rue de Turenne et de la rue Villehardouin dans le troisième arrondissement de Paris, s’élève un petit immeuble qui abrita à partir de février 1654 et jusqu’à sa mort, l’écrivain Paul Scarron (1610 -1660), l’auteur du Roman Comique. Alors qu’il était âgé de 41 ans, il épousa la jeune Françoise d’ Aubigné, future Madame de Maintenon qui n’avait que 15 ans.
A partir de 1638, Scarron souffrit d’une maladie particulièrement invalidante qui entraîna une paralysie qui, dans un premier temps, toucha ses membres inférieurs avant de se généraliser. Cette maladie dont il ne guérit jamais, s’accompagnait de douleurs persistantes et d’une déformation progressive de tout son être.
En marge de ses romans, poèmes, pièces de théâtre, on doit à Scarron des écrits au burlesque grinçant consacrés à son état de santé.
Il se décrivait comme :
Un pauvret
Tout maigret
Tout tordu
Tout bossu.
Il en était réduit, nuit et jour
A souffrir
Sans guérir
De tourments
Véhéments.
Il vivait…
avec la douleur que donne un derrière pointu qui n’a plus d’embonpoint
Revenez mes fesses perdues
Revenez me donner un cul.
En vous perdant, j’ai tout perdu ;
Hélas qu’êtes-vous devenues ?
Appui de mes membres perclus ;
Cul que j’eus et que je n’ai plus.
Il finit par ne presque plus pouvoir bouger : dans son lit, il saluait ses visiteurs en soulevant son bonnet à l’aide d’une corde et d’une poulie.
Finalement, il rédigea sa propre épitaphe :
Celui qui ci maintenant dort
Fit plus de pitié que d’envie
Et souffrit mille fois la mort,
Avant que de perdre la vie.
Passant, ne fais ici de bruit
Garde que ton pas ne l’éveille
Car voici la première nuit
Que le pauvre Scarron sommeille.